#streamcaribbean "Aurore" de Maeliah

On continue la série des chroniques #streamcaribbean de 2023. Après Lorenz et son EP “Lunatiq” (janvier), Kevni et de son EP “INEVITAB” (février), Yoan et son “Gemini II” (février), Rachelle Allison et son album “Féeries” (février), il est temps de passer à Maeliah et son EP “Aurore” disponible depuis le 31 mars 2023.

Dans ma discussion #streamcaribbean avec Lorenz, nous avions parlé des stratégies pour entretenir une visibilité quand les médias grand public ignorent les artistes. Spontanément, il avait fait une réflexion sur la difficulté de commencer une carrière aujourd’hui même avec les réseaux sociaux. Le fait est que nous n’avons pas encore suffisamment de recul pour savoir quelles stratégies fonctionnent pour des artistes dont la stratégie marketing est axée sur la musique sans un lifestyle Instagrammable ou une diversification d’activités. En tout cas, il est indéniable que les réseaux sociaux facilitent la création d’un premier public. C’est le cas de Maeliah, jeune chanteuse originaire de Martinique.

J’ai passé environ un an à voir ses covers de zouk classique passer sur mon Twitter mais je n’avais jamais pris le temps de cliquer jusqu’à ce que Lorenz l’invite à chanter avec lui. Leur duo “On Minit”, extrait de “Lunatiq”, a tourné sur mon Spotify du début d’année, mais je n’étais pas encore investie. Sa prestation live lors du concert de Rachelle Allison à La Boule Noire où elle a chanté quelques-unes de ses compositions m'a quand même intriguée. Quelle serait la traduction artistique de cette douceur solaire scénique ?

"Trauma" en ouverture m'a déstabilisée parce que je pensais que c'était une chanson de Rachelle Allison. Elles ont la même équipe, donc ma remarque va au-delà de la signature musicale que leurs collaborateurs ont développée. Je parle avant tout du thème de la rupture. Pendant plusieurs semaines, j’ai trouvé qu’il y avait un décalage voire une contradiction entre des paroles sur une jeune femme reprenant sa destinée en mains après une expérience amoureuse et les paroles des cinq autres pistes sur une jeune femme idéalisant l’amour.

Si “Adan Bra’w” et “Dès Qu’on Se Parle” racontent la force du contact physique quand on s’épanouit dans une relation, “Crush” rappelle l’euphorie des sentiments bouillonnants inavoués. A chaque fois, Maeliah chante la voix d’une jeune femme émerveillée par un amour qui lui met des étoiles dans les yeux. “Si Nou Komansé”, le titre le plus sensuel de l’album, dresse l’esquisse d’une intimité physique où la jeune femme se repose entièrement sur son partenaire pour les mener jusqu’à la dernière seconde de leur danse du désir.

En tant que fan certifiée de romance, je ne me lasse jamais de parler d’amour romantique sous tous les aspects qu’il prend dans une relation saine. Pourtant, mon coup de coeur est l’ultime piste “Mwen Révé”, une lettre ouverte à soi-même et à notre peuple pour s’encourager à rêver grand. Malgré notre histoire, malgré les injustices dont on est victime, on a le droit de rêver. Bien sûr, il faudra ensuite passer à l’action, mais il faut déjà faire ce premier pas : s’imaginer une vie heureuse en étant fidèle à ses valeurs. Et c’est cette envie d’être heureuse que je retrouve dans la piste numéro 1. Cette capacité à s’aimer soi-même au lieu de souffrir et/ou de blâmer le monde entier par peur de solitude.

En conclusion, “Aurore” est un album qui célèbre l’amour, qui donne envie de croire en l’amour. Et ça fait du bien de se rappeler le côté léger de l’amour sans le drama que nos choix peuvent créer autour. A l’heure où les médias ne cessent de s’interroger sur la mort de notre zouk et de glorifier la pop urbaine, Maeliah se présente en toute simplicité et authenticité avec un zouk contemporain. Son identité musicale rayonne déjà dans un style acoustique de pop caribéenne. Et elle n’a pas peur de le dire. C’est peut-être le “je-ne-sais-quoi” qui lui permettra de faire la différence dans les années à venir… Quel est ton titre préféré de cet album ?