[31/31] Un jour, une chanson avec Tanya Saint Val - Nasyon Kreyol
Aujourd’hui s’achève le dossier “esclavage transatlantique et musique”. A la base, j’étais vraiment partie sur un éclectisme musical en mettant l’accent sur la diversité des genres pour traiter de l’esclavage transatlantique et ses conséquences. Je voulais finir sur le thème afroturisme et esclavage, mais j’ai changé d’avis. En effet, à trop vouloir ratisser large, j’avais l’impression de laisser de côté la réalité du passé et du présent. J’ai donc réajusté mon champ de recherche au patrimoine musical caribéen. Sauf qu’avant de parler de spécificité caribéenne, il me semblait important de partir du socle commun africain, d’où le lien avec les Etats-Unis que les Français aiment tant prendre en exemple quand il s’agit de parler de la cruauté de l’esclavage et du devoir de mémoire. Le lien avec le Brésil n’était peut-être pas nécessaire dans ce cadre, mais face au manque de chansons francophones/créolophones sur les nèg marrons disponibles en streaming, je me suis dit que les chansons de capoeira étaient parfaites pour aborder la combativité des esclaves… sans compter que les telenovelas brésiliennes ont du succès aux Antilles et véhiculent la représentation d’une société contemporaine dont les Afrodescendants restent à la périphérie. Mais au final, c’est bien la Nasyon Kreyol qui a fini par s’imposer à moi. Dans toute sa modernité, dans toute sa tradition.
En faisant mon googling, je me suis rendue compte de la différence de discours sur l’esclavage d’une langue à l’autre. Par exemple, les mots-clés “slavery songs” et “chanson esclavage” donnent accès immédiatement à des listes, à des travaux plus ou moins scientifiques sur le sujet sur le cas américain ou sur le cas français. En espagnol ? Il faut bien préciser Caraïbes ou une île précise pour avoir une réponse sans passer par au minimum deux pages de liens sur l’esclavage aux Etats-Unis. Je n’ai pas vraiment poussé plus loin par manque de temps et par manque de maîtrise de l’espagnol, mais je tenais à préciser le pourquoi du manque de représentation des îles hispanophones dans ma playlist.
Ce que je retiens de mes courtes recherches :
– il y a des centaines de chansons caribéennes qui évoquent l’esclavage et/ou les injustices et inégalités des sociétés actuelles qui sont nées de l’esclavage. Il a fallu faire un choix. Le mien était dicté par mon envie de promouvoir la Caraïbe (francophone). J’aurais voulu plus de voix de femmes, mais encore une fois je suis allée au choix les plus à ma portée dans le temps restreint que j’avais pour trouver des titres cohérents à ma problématique.
– il est nécessaire de maîtriser l’anglais et au moins le français/l’espagnol/le créole. Il faudrait une transcription des paroles au moins dans la langue originelle et ensuite des traductions pour encourager leur diffusion. Je sais qu’il y a une question de copyright mais s’il y a possibilité de créer des sites répertoriant la littérature ultramarine à travers le monde, ce devrait être possible pour la musique. Peut-être que la plateforme qui centralise ces archives sonores existe déjà, mais je ne l’ai pas trouvée…
– ces chansons sont difficiles d’accès. A part la Médiathèque de la Caraïbe dont les ressources numériques sont réservées aux abonnés, je n’ai pas trouvé de site recensant ces chansons avec les années de première commercialisation et les auteurs/compositeurs. Surtout pour les titres avant 1980, même quand ils sont réédités sur des compils. Il est important que ces archives sonores soient accessibles au grand public pour continuer à transmettre cette histoire.
Merci d’avoir suivi ce dossier. N’hésitez pas à laisser des commentaires, des remarques, des critiques.
ndlr : cet article a été publié pour la première fois le 31/05/2017 sur myinsaeng.com.