Mitzi Allen : "Nous voulions inspirer les gens à raconter leur propre histoire..."
C'est avec ces mots que Mitzi Allen commence cette interview. Elle est une pionnière de l'industrie cinématographique d'Antigua & Barbuda et de la Caraïbe. Avec son mari Howard Allen, le réalisateur de The Sweetest Mango, le premier long-métrage de leur île, elle est à la tête de la société de production HAMA Inc. fondée en 1992. Journaliste, productrice de télévision et de films, elle continue de s'investir pour encourager la nouvelle génération de journalistes et de cinématographes. Alors que D. Gisele Isaac la scénariste nous a parlé de son point de vue d'autrice, Mitzi Allen nous donne un aperçu des conditions de tournage et de l'impact du film dans la Caraïbe et à l'étranger.
The Sweetest Mango est basé sur votre histoire d'amour avec Howard. Comment et pourquoi avez-décidé d'en faire un film alors que c'était un projet sans précédent à Antigua ? Vous êtes-vous demandé si les gens s'en désintéresseraient parce que c'est une histoire d'amour ?
Howard avait toujours voulu faire un film et il a décidé que la première histoire que nous devrions raconter devrait être une histoire que nous connaissions bien, la nôtre. Nous n'avons pas eu une seule seconde d'hésitation à raconter cette histoire. Nous voulions vraiment inspirer les gens à raconter leur propre histoire et nous avons commencé en partageant la nôtre. C'était notre projet du millénaire. Nous avons commencé à travailler sur le film en 2000... pour montrer ce qui est possible de faire à Antigua et Barbuda.
Avez-vous ressenti la pression de faire « le film parfait », vu que vous étiez des pionniers ?
A l'époque, nous ne savions pas que nous étions des pionniers dans le domaine du cinéma. Pour ce qui est de la pression de « réussir le film parfait », il n'y en avait aucune. Ce n'est qu'après avoir commencé la tournée des festivals que nous avons appris que, non seulement, c'était le premier long-métrage d'Antigua & Barbuda mais que c'était également le premier long-métrage des petites Antilles. Certains intellectuels pensaient que notre film aurait dû avoir plus de « mordant » en s'intéressant aux problèmes sociaux.
Était-ce important pour vous que l'un des personnages principaux n'ait pas passé sa vie sur l'île ?
L'intrigue est basée sur nos vies, donc nous racontions ce que nous connaissions. Et il se trouve que c'était le thème de la migration et le thème du retour au pays qui est une expérience commune dans la diaspora et dans toute la Caraïbe.
Quel a été l'aspect le plus difficile et le plus facile du processus de création du film ?
En tant que productrice, la partie la plus difficile pour moi a été le financement. Nous avons utilisé nos finances personnelles pour faire ce film, donc c'était stressant. Nous voulions être sûrs de récupérer notre mise. L'aspect le plus facile et le plus appréciable a été de collaborer avec mon mari Howard. Pour Howard, en tant que réalisateur, le plus difficile a été de travailler avec plus d'une centaine de personnes et l'aspect le plus facile a été le montage... cela a été de donner vie à notre histoire comme il le voulait.
Comment décririez-vous les réactions du public au niveau local et des autres îles ainsi que de la diaspora ?
Les réactions ont été tellement positives, même encore aujourd'hui, que ça en est bouleversant. Les gens ont aimé l'histoire. Une femme m'a dit qu'elle regardait le DVD pour retrouver le sourire dès qu'elle avait le moral en berne. Nous avons fait trois autres films, mais c'est celui qui reçoit le plus demandes pour des projections et des diffusions.
Le film est-il toujours disponible dans les salles de cinéma d'Antigua ? Savez-vous ce que les vingtenaires aujourd'hui pensent de ce film ?
Le film n'est plus projeté au cinéma à Antigua. Nous faisons des projections indépendantes à travers l'Amérique du Nord pour des occasions spéciales et des projections dans les universités. Il est disponible sur la plateforme de streaming studioanansi.tv. Les vingtenaires connaissent le film parce que leurs parents leur en ont parlé... Ils en entendent aussi parler à l'école. Ceux qui le connaissent l'apprécient. C'est pour cette raison que nous prévoyons de faire une comédie musicale de The Sweetest Mango pour le CARIFESTA en 2021 afin de célébrer les 20 ans du film.
Question bonus : qu'est-ce qui vous vient à l'esprit quand vous entendez le mot Karukerament ?
Je ne l'avais jamais entendu auparavant.
Nous remercions une nouvelle fois Mitzi Allen pour sa disponibilité et sa gentillesse. Vous pouvez visiter le site de Hamafilms.com et suivre leur actualité sur les réseaux sociaux : Twitter, Facebook, Instagram.
Les photos sont publiées avec l’autorisation de Mitzi Allen.