Saison 3 - Bande-annonce
Yé Moun La! Voici la bande-annonce de la saison 3 de Karukerament. Ci-dessous, retrouvez la transcription de l’audio. Rendez-vous le 27 avril 2022 pour la mise en ligne du premier épisode.
J’espère que vous allez bien. Je suis heureuse de vous retrouver pour cette 3ème et ultime saison de Karukerament. Je fais ce minisode pour vous annoncer le programme, comme ça je n’ai pas à le faire dans l’épisode 1. Donc je me représente brièvement. Je m’appelle Maëlla, je suis née et j’ai grandi en Guadeloupe. Je me définis comme une fangirl expérimentée, ça veut dire que je suis une personne passionnée. J’analyse tout ce qui me passionne pour ensuite échanger avec d’autres personnes qui veulent découvrir ou qui sont aussi passionnées que moi sur le sujet. En général, je ne parle pas de mes diplômes parce que j’ai déjà mis mon CV universitaire sur karukerament.com. Je pars du principe que le diplôme valide un certain niveau d’expertise dans un domaine précis. Mais s’il y a bien une chose que j’ai apprise pendant toutes mes années dans le monde académique, c’est qu’avoir un diplôme n’est pas la garantie d’avoir des compétences réelles pour gérer une situation hors cadre scolaire et avoir des diplômes ne reflète pas les qualités humaines. Vous pouvez être docteur en médecine et n’avoir aucune considération pour vos patients. Vous pouvez être docteur en histoire ou en sociologie et être raciste. Donc bon… comme je suis dans un contexte francophone, et je sais qu’on va me juger par rapport aux études que j’ai faites, je vous confirme que j’ai bien fait des études supérieures. Maintenant, j’ai constaté que les gens pensent que j’ai fait du marketing ou du commerce. Ce n’est pas le cas, mais mon expérience de fangirl depuis mes 12/13 ans, donc depuis plus de 20 ans, cette expérience fait que je pense avoir un regard intéressant sur les industries culturelles française, états-uniennes et sud-coréenne.
Et je me base sur mes observations commencées sur la fin des années 90 pour développer ma grille de lecture Karukerament. Ma grille de lecture Karukerament signifie que j’analyse les choses de mon point de vue de femme guadeloupéenne et dans le mot guadeloupéenne je rassemble mes identités de femme noire afrocaribéenne et française. Mes 3 objectifs avec Karukement.com le site qui rassemble toutes mes analyses dans les domaines artistiques qui m’intéressent, sont de conserver, documenter et célébrer la culture guadeloupéenne et par extension la culture caribéenne. Pour le podcast, j’ai choisi d’explorer le cinéma parce que je suis passionnée d’audiovisuel donc j’ai commencé par le domaine artistique qui était le plus naturel pour moi mais qui dans ce contexte caribéen était celui dont j’étais le plus éloignée. Tout le temps où j’ai vécu en Guadeloupe c’est-à-dire enfance, adolescence, donc les années où on construit ses goûts, sa personnalité, j’avais accès aux musiques caribéennes, j’avais accès à la littérature caribéenne mais pas au cinéma. De tous les films que j’ai pu voir au cinéma Grand Rex (à l’ancienne, ceux qui savent savent), les seuls films guadeloupéens étaient Nèg Maron de Jean-Claude Barny, j’en parle dans mon épisode 6, et Antilles-sur-Seine de Pascal Légitimus, on va en parler cette saison. Je ne me suis pas sentie représentée ni par l’un ni par l’autre, ce qui en soi n’est pas un problème. Les films ne sont pas créés pour que chaque spectateur s’identifie. Ils sont créés pour déclencher des émotions universelles et moi j’ai grandi sans avoir l’occasion de faire cette expérience avec des films de chez moi.
Alors en explorant le cinéma d’Haïti, le cinéma de Trinidad, le cinéma d’Antigua, le cinéma jamaïcain aussi je me suis rendue compte de 3 choses :
1) Il existe bien un cinéma caribéen. Okay il n’y a pas de grosses structures comme Hollywood, on est sur un niveau de petites compagnies en indépendant mais qui proposent un travail de qualité supérieure à Hollywood. J’ai dit ce que j’ai dit, je ne vais jamais retirer ça. La qualité des films proposés par le cinéma caribéen est vraiment exceptionnelle quand on voit le si peu de moyens qui est utilisé. Pour moi, c’est plus une question de comment les soutenir maintenant plutôt que de réfléchir en terme de “il faut créer de grosses structures”. rester bloqués sur ce qu’elles n’ont pas.
2) Il existe des films caribéens auxquels je peux m’identifier en tant que guadeloupéenne. On n’est pas nés pour souffrir. On est des êtres humains. On rit, on chante, on tombe amoureux, on a le droit d’être heureux et on a le droit d’avoir aussi ce genre de représentation. A l’inverse, d’autres personnes de la Caraïbe peuvent s’identifier à nos histoires de Guadeloupe. Encore faut-il leur présenter ces histoires de façon à ce que ces personnes puissent les comprendre.
3) Il y a des passionnés qui sont en train de structurer l’industrie du cinéma caribéen et la Guadeloupe, en tant qu’île francophone, a un rôle à jouer.
C’est donc dans cette perspective que j’ai conçu la saison 3 de Karukerament. Faire du “j’aime le scénario, je n’aime pas le jeu des acteurs”, ça ne m’intéresse pas en soi. Moi, je veux discuter des pistes de développement sur le plan de la représentation. Je dis bien discuter, si vous voulez réagir, vous pouvez et j’en serais même ravie. En tout cas, mon but n’est pas de faire de la critique gratuite. Faire un film, c’est difficile. Encore plus quand on a peu de moyens, donc je respecte d’autant plus les gens qui mènent à bien ce genre de projets. Maintenant, moi je parle de mon point de vue de spectatrice avec mon expérience à moi, mon regard de personne en dehors du système, donc mes propos sont mes propos, ce ne sont pas des attaques personnelles. Sachez que je ne dis rien que je ne sois capable de recevoir moi-même comme critique.
Dernière chose, ma vision du développement de l’industrie culturelle guadeloupéenne ne passe que par la Caraïbe dans une visée internationale. Pour moi, en 2022, viser uniquement le marché français, c’est une perte d’énergie et de temps. Après chacun est libre d’utiliser son énergie et son temps comme il ou elle le souhaite. Mais je pense que c’est important que vous le sachiez si vous voulez discuter avec moi parce que sinon on ne va jamais tomber d’accord et après on peut être d’accord pour ne pas être d’accord.
Pour rappel, le fil conducteur de la saison 1 était la représentation de l’enfance/adolescence caribéenne. Le fil conducteur de la saison 2 était la représentation de l’amour à la caribéenne. Le fil conducteur de la saison 3 est la représentation de la Guadeloupe et des thématiques qu’on y rattache.
On reste sur le format en 2 parties de 10 à 20 minutes chacune : la rubrique Yé Krik Yé Krak pour raconter le synopsis du film et pour analyser la façon dont le film peut être perçu juste à travers les mots écrits donc ça veut dire qu’on va aussi réfléchir un peu sur le marketing. Ensuite il y a la rubrique Karukerament pour s’interroger sur la représentation guadeloupéenne. Ma sélection comporte 15 films répartis sur 10 épisodes qui seront publiés chaque dimanche du 1er mai au 3 juillet. Mais pour coller à l’actualité, exceptionnellement, le premier épisode sera mis en ligne le mercredi 27 avril pour le Yé Krik Yé Krak du film 1802, l’épopée guadeloupéenne de Christian Lara. J’espère que vous serez au rendez-vous.