#streamcaribbean "Lunatiq" de Lorenz
Yé Moun La! Dans cette première chronique #streamcaribbean des vacances, je dois commencer avec celui que je cite tout le temps. Lorenz (baby). Après nous avoir rappelé ses racines musicales dans son EP “ADN” sorti en 2021, il nous présente ses influences musicales actuelles avec l’EP “Lunatiq” disponible depuis le 6 janvier 2023.
Du zouk au R&B en passant par le kezu, l’afrobeats et la pop caribéenne, Lorenz nous chante l’amour sous toutes ses formes Je vais être franche. Cet album n’a pas réveillé l’enthousiasme que j’avais eu pour “ADN”. Pour rappel, j’écoute de la musique en moyenne 65 000 minutes par an donc c’est pour vous dire comment j’ai streamé “ADN” pour qu’il occupe 4 places de mon top 5 annuel de 2021. Pour “Lunatiq”, je n’ai pas retrouvé la cohésion musicale qui m’avait fait écouter “ADN” en boucle. La tracklist est bien construite, mais je vois plus “Lunatiq” comme une mixtape expérimentale où Lorenz fait le bilan de sa trajectoire artistique depuis “Sexfriends” en 2012 aussi bien sur le plan musical que sur le plan écriture.
Jusqu’à présent, quand j’écoutais Lorenz, j’avais l’impression d’entendre un homme au combat pour obtenir un amour idéalisé. Dans notre discussion #streamcaribbean début 2022, il disait avoir du mal à écrire les émotions avec profondeur. Ses chansons d’amour privilégiaient les réactions physiques d’une intimité charnelle sans atteindre l’intimité émotionnelle. Autrement dit, ses paroles reflétaient avant tout l’aspect performance de l’amour alors que la vulnérabilité que le véritable amour exige ne s’entendait qu’au détour d’une ou deux chansons par album. Cette fois-ci, “Lunatiq” joue sur la beauté et la complexité de l’amour ancré dans la réalité du quotidien en cassant les illusions que la société nous vend sur ce que devrait être le bonheur.
Lorenz continue à chanter la sensualité c’est-à-dire le plaisir des sens comme dans “En Vrai” et “Fou de Toi”, mais cet amour charnel conduit à une connexion émotionnelle plus profonde où le “je” danse avec le “tu” à travers “On Minit” (feat. Maeliah), “Détails” ou “No Drama”. Les deux points de vue de l’infidélité se confrontent entre la déception dans “Nous Deux” (feat. Lycinaïs Jean) et l’arrogance assumée dans “Toksik” (feat. Matieu White). Electrons libre de l’album, “Ça ira” et “Real” permettent à Lorenz de sortir de sa zone de confort. Sans le masque de l’éternel lover, il laisse parler sa vulnérabilité d’être humain qui garde foi en l’avenir, sa vulnérabilité d’artiste qui se bat pour rester intègre. L’amour fraternel et l’amour de soi (hors contexte de rupture amoureuse) restent des thématiques peu abordées dans le zouk, et encore moins du point de vue masculin, ce qui montre une nouvelle fois que Lorenz sait rester dans une démarche originale.
En résumé, “Lunatiq” résonne comme la fin… ou l’introduction d’un chapitre. La prise de risque pour se renouveler se situe davantage dans l’écriture que dans la composition musicale. S’appuyant sur ses racines zouk, Lorenz voyage d’un genre à l’autre tout en mettant en lumière une représentation de l’amour où la recherche de l’intimité émotionnelle a autant d’importance que l’intimité charnelle. Quel est votre titre préféré de cet EP ?